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Sous-sols (Ulrich Seidl, 2014)

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Après sa trilogie Paradis, l’autrichien Ulrich Seidl revient au documentaire avec le bien triste Sous-Sols. Sorte de cousin vain et plus trash de la série documentaire Strip-Tease, son dernier long-métrage ne montre que la partie de l’iceberg qui pense l’intéresser pour ne faire rire, en fin de compte, qu’un public condescendant.

Sous-sols 1Réalisateur au cinéma spécial, l’autrichien Ulrich Seidl sort en 2015 un nouveau documentaire après Amour, Foi et Espoir, les trois épisodes formant sa trilogie intitulée Paradis. Son projet était d’éclairer l’une des parties les plus intimes de ses concitoyens et de l’exposer au public, peu important si cela venait à être choquant ou dérangeant à l’écran. Nous parlons bien entendu des sous-sols, comme le titre du film l’indique explicitement, des caves ou soubassements des demeures autrichiennes, où chacun peut agir à loisir selon ses propres règles, loin de celles du vivre ensemble et de bienséance imposées en société. Dans leur for intérieur (au sens propre comme figuré), les protagonistes de Sous-Sols dévoilent leur étrange intimité que la norme rejette et condamne. Malheureusement, le long-métrage tombera loin de l’ambition attendue que le projet laissait imaginer. Mais avant de plonger plus en profondeur, faisons d’abord le tour du propriétaire.

Sous-sols 2

Ouvrant son documentaire sur les vocalises éraillées d’un vieil autrichien dans une large cave transformée en champ de tir, Ulrich Seidl exprime toute sa réflexion en ce seul plan qui s’éternise un peu : s’égosiller seul dans un endroit incongru mais à soi, sachant que personne d’autre n’entendra. Dès les premiers portraits défilant à l’écran, un souvenir télévisuel francophone nous saute au visage. Celui de la fameuse série documentaire Strip-Tease qui se concentrait sur les petites gens aux mœurs et valeurs toutes aussi étranges que celles du dernier film de Seidl. Prétendant montrer le vrai, le montage, sans commentaire en over ou d’intervention des journalistes, faisait en sorte de ne garder les morceaux choisis qui marqueraient à coup sûr les spectateurs. C’est pour cela que lorsque ce Sous-Sols nous montre en 2015 des amateurs d’armes à feu, de chasse d’animaux sauvages finissant en trophées, du IIIème Reich ou de sadomasochisme, rien ne nous surprend vraiment, que cela se passe en Autriche ou ailleurs.

Sous-sols 3La seule différence notable vis-à-vis de Strip-Tease est une part de mise en scène qui démolit toute l’intention du regard objectif social. Pour la plupart des personnages présentés, Ulrich Seidl dispose ses intervenants face à l’objectif grand angle déformant de sa caméra. Nous avons alors ces gens qui restent là, le regard vitreux, aussi expressifs que des sacs de pommes de terre et dont l’ambiance sonore singulière du décor les tournent systématiquement en ridicule. Cette mise en place pas très charitable fait rire le public condescendant, mais est l’arbre qui cherche à cacher la forêt que Seidl refuse d’explorer. Sa vision est assez restrictive car, étrangement, les autrichiens que nous montre le réalisateur dans son film vont un peu dans le même sens. Ils aiment les armes, mais pas les turcs qui envahiraient leur pays. Ils aiment les nazis, mais traitent de Gestapo la police qui les surveillent. Ils aiment recevoir des coups, mais pas quand cela sort du cadre du plaisir sexuel.

Sous-sols 4

Pourquoi ? On ne sait pas, car Seidl ne cherche pas vraiment à comprendre ses personnages et leurs paradoxes. Il les observe comme des bêtes curieuses, enfermées dans leurs caves comme dans une cage dans laquelle ils se sont volontairement emprisonnés. Jamais il ne les pousse à s’interroger sur leur intimité ou à remettre en cause leur profonde solitude. On doit le prendre tel quel et puis c’est tout ! Il est cependant intéressant de constater que tous ces autrichiens sont tous caucasiens. Des “purs” autrichiens pourrait-on penser, surtout lorsque l’on découvre l’indifférence des convives face à la collection d’objets nazis dans l’une des caves des intervenants. Les jeunes désabusés qui fument un pétard ou un autre ayant fait son propre studio pour jouer de la batterie n’ont le droit qu’à un plan sur les 81 minutes que compte Sous-Sols. On préfère se moquer grassement de ces vieux tristes et bizarres, dont les seuls qui s’amusent vraiment sont ces musiciens de la fanfare locale qui s’organisent régulièrement des apéros qui font Führer !


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